L’éco-responsabilité au fil des jours
Eco-responsable
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L’Ehpad Simon Bénichou (54), une oasis au milieu de la ville, a trouvé un équilibre vertueux grâce à l’éco-responsabilité devenue un axe prioritaire du projet d’établissement depuis 2015. Dans cet établissement, la RSE se vit au quotidien : dans le fonctionnement de la maison de retraite d’une part, avec la volonté de réduire les consommations d’énergie ou encore dans les mesures prises pour lutter contre le gaspillage alimentaire, mais surtout avec et pour les résidents, parties prenantes à 150 % de chaque initiative.
L’une d’elle, le tri sélectif des déchets et la mise en place de filières de recyclage, draine beaucoup d’énergie positive. Biodéchets, bouchons, stylos, aluminium, mégots… plus de 20 filières sont mises en place créant de multiples opportunités de s’impliquer. Des concours entre Ehpads, écoles, associations et entreprises privées ont lieu régulièrement : qui collectera le plus d’instruments d’écriture usagés ?
Cette année, lors de la Semaine européenne du développement durable, Bénichou a dépassé les 80 kg (137 kg en 2018), résultat remarquable atteint grâce à des partenariats avec des associations, des MJC, des écoles et autres « écollecteurs » engagés, mais surtout grâce à un engagement sans faille des résidents, et à leur pouvoir mobilisateur. Les piles et petites batteries sont par ailleurs toute l’année soigneusement collectées, et la récolte 2019 pèse lourd : plus de 290 kg. Nouveau défit lancé lors de la Semaine européenne de la réduction des déchets 2019 : collecter un maximum de piles usagées, qui seront transformées en dons pour le Téléthon, puis recyclées. Et finalement, tout y passe, même les chaussettes orphelines, qui, grâce à des gestes de bon sens, retrouvent une utilité, une fois recyclées. Le dernier projet pilote en cours est l’éco-digesteur qui permettra la valorisation des protections d’hygiène, jusqu’alors éliminées via la filière des ordures ménagères.
L’Ehpad a pour volonté de s’inscrire dans la vie de quartier et de créer du lien social. Un vendredi sur deux, c’est jour de marché à Bénichou. Un maraîcher déballe ses étals et les habitants du quartier viennent s’approvisionner devant l’Ehpad en produits locaux, et “taper la causette” avec les résidents. Et les visites ne manquent pas au quotidien avec le site de compostage partagé avec des habitants du quartier, le poulailler qui attire tout particulièrement les enfants des écoles avoisinantes, sans oublier l’installation d’une ruche (prix 2019 pour le miel !). L’établissement est également devenu le point de repère pour l’AMAP du Bon Coing (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne) et contribue une fois encore à faire se rapprocher les habitants du quartier, les résidents, et les préoccupations environnementales (et culinaires).
« Il existe dans notre établissement quelque chose qu’il n’y a pas ailleurs », expliquent Guillaume Lambolez, responsable qualité, et Karine Bastien, animatrice. « Les résidents sont au cœur de nos projets, qui sont autant d’opportunités de rencontrer les gens, de partager leur savoir-faire et expérience. Nos résidents sont vieux, mais ils veulent participer, s’amuser et se sentir utiles, aussi, nous développons des projets qui vont dans ce sens. Le jardin citoyen avec les écoles marche tout particulièrement bien, nos aînés ont la main verte ! En juin, nous avons organisé notre journée (11ème édition) avec des motards. Vous ne nous croirez peut-être pas, mais nos résidents s’éclatent en side-car ! D’autre part, nous avons remarqué que nos actions RSE ont un impact positif mesurable sur la qualité de vie des résidents et sur celle, au travail, de nos personnels. C’est très important, surtout dans le contexte actuel où l’image des Ehpads est plutôt dégradée et où l’on parle beaucoup de mal-être au travail. »
Une étude comparative des données clés de l’Ehpad Bénichou avec les moyennes nationales le prouve (réalisée en 2017 pour l’ARS) : la durée moyenne de séjour à l’Epahd Simon Bénichou (ESB) est de 69 mois contre 28 mois au niveau national, alors que l’âge moyen à l’entrée à l’ESB est plus élevé (49 % ont plus de 90 ans ; seulement 42 % au niveau national).
C’est en étudiant les résultats d’analyse des traitements médicamenteux de l’Assurance maladie que l’Ehpad a pris conscience de quelque chose qui allait au-delà des résultats très positifs exprimés au travers des enquêtes de satisfaction proposées aux résidents. « Nous nous sommes alors rendu compte que nos résidents se portent mieux que la moyenne nationale : – 33 % d’anxiolytiques, – 30 % d’antidépresseurs, une part de résidents « Alzheimer » sous traitement neuroleptique cinq fois inférieure à la moyenne nationale… Les soignants se portent aussi mieux, le nombre de jours d’arrêt de travail est passé de 397 à 32 de 2015 à 2017. »
Un beau palmarès qui fait des émules parmi les autres établissements de l’agglomération nancéienne, mais aussi au-delà. L’Ehpad Simon Bénichou a été récompensé à plusieurs reprises avec notamment en 2016, le prix « Gouvernance et Management d’équipe » aux trophées Direction(s), placés sous le haut patronage de la ministre des Affaires Sociales et de la Santé, à l’époque Marisol Touraine. L’établissement s’est même rendu à Prague en septembre 2018, à la demande de la FNAQPA, pour défendre son projet éco-responsable, avec trois autres Ehpad européens. Le jury composé de l’EAN (European Ageing Network) et l’ECREAS (European Centre for Research and Education in Ageing Services), décernait un Grand prix, mettant en valeur un projet d’Ehpad innovant, d’envergure européenne. Au final, le grand prix n’a pas été remporté par Bénichou, ce qui ne l’empêche pas de continuer à innover DD.